Le 24 novembre dernier, la Ministre de la transition écologique, Mme Barbara Pompili ainsi que la Ministre chargée du logement, Mme Emmanuelle Wargon, ont présenté le carnet de route et les objectifs de la future réglementation environnementale 2020. Ces annonces « chocs » ont été déclinées sous forme de 3 objectifs.
Objectif n°1 « Des bâtiments qui consomment moins et utilisent des énergies moins carbonées »
Nous retiendrons de cette partie 3 objectifs forts :
- Le renforcement du Bbio : en annonçant un renforcement du Bbio max de 30% une forte montée en performance est attendue. Bien entendu, le chiffre reste à prendre avec du recul car par rapport au Bbio RT 2012 de nombreux paramètres ont évolués (surface de référence, données météo, etc.) et nous ne connaissons pas à ce jour la base de calcul.
- La sortie des énergies fossiles dès 2024 : par le bief de l’indicateur traduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES) du bâtiment durant tout son cycle de vie, une forte contrainte sera amenée sur le choix du vecteur énergétique. Elle sera mise en place dès 2021 sur la maison individuelle puis en 2024 sur le collectif et entraînera la disparition du gaz naturel sous sa forme traditionnelle. Le gaz ne pourra donc plus être utilisé comme source de chauffage principal mais sera réservé à une fonction d’appoint par exemple sur une PAC Hybride.
- L’obligation de chaleur renouvelable : afin d’empêcher un retour massif à l’effet Joule, une énergie renouvelable sera demandée pour la production de chaleur dans le bâtiment. Cela devrait en particulier permettre le développement fort de la pompe à chaleur (PAC).
Objectif n°2 : Ménager une transition progressive vers des constructions bas-carbone, qui utilisent très largement le bois et des matériaux biosourcés.
La finalité de l’annonce est simple : aller vers un recours massif au bois et aux matériaux biosourcés à l’horizon 2030.
Le calendrier tel que défini, prévoit une première période « d’apprentissage » entre 2021 et 2024 afin de laisser le temps à l’industrie de décarboner leurs produits et aux acteurs de la construction de s’approprier l’analyse de cycle de vie. Puis un tour de vis supplémentaire sera donné en 2024 et ensuite en 2027 permettant d’atteindre les objectifs préliminaires et le résultat final avec une baisse de 30% des émissions de GES.
Objectif n°3 : Des bâtiments plus agréables en cas de fortes chaleurs
Le confort des occupants est au cœur de la RE 2020. Avec le réchauffement climatique, les périodes caniculaires deviennent de plus en plus fréquentes et de plus en plus intenses. Un nouvel indicateur de conception, le DH, est mis en place. Il traduira le nombre d’heure et l’intensité de l’inconfort de l’occupant. Cet indicateur ne devra pas dépasser 1250 DH afin que le bâtiment soit conforme. Entre 350 DH et 1250 DH, le bâtiment propose un niveau de confort acceptable mais on anticipera dans le bilan l’installation future d’un système de climatisation. En conception, seules les solutions dites passives permettront de réduire le DH (protections mobiles, inertie, masques, rafraichissement passif, etc.). Les premières simulations ont mis le doigt sur des problématiques à respecter les exigences sur le pourtour méditerranéen (H2d et H3) et pour les bâtiments à faible inertie (ossature bois) ce qui est en opposition de phase avec l’objectif n°1. Des aménagements sont donc attendus…
Qu’en est-il du coût de construction ?
Les analyses économiques réalisées dans le cadre des groupes de travail, ont permis au Ministère de mettre en avant un surcoût maîtrisé de l’ordre de 4 à 5%.
Quel est le calendrier ? Comment se préparer ?
Vous êtes nombreux à nous solliciter pour vous positionner dès aujourd’hui sur cette nouvelle réglementation. Avec une application annoncée pour l’été 2021 (1er juillet 2021, en date de dépôt de permis de construire), le timing pour réaliser des simulations est très serré d’autant plus qu’à aujourd’hui de nombreuses briques sont manquantes. Les arrêtés et décrets ont été transmis le 7 décembre dans leur version « projet » au CSCEE pour avis et seront, sauf avis défavorable, publiés au 1er trimestre 2021. Nous avons pu avoir accès à ces documents et la première lecture laisse entrevoir de nombreux points d’ombre et des corrections à apporter.
A l’heure actuelle, il est important de prendre du recul et de patienter, même si cela est compliqué, en attendant une version corrigée et éclaircie des textes réglementaires.
Nous sommes à vos côtés dans cette transition et ne manquerons pas de vous communiquer les informations au fur et à mesure qu’elles seront consolidées.
A lire aussi :